Zoom sur le territoire

Zoom sur le territoire

Entretien avec Jacques-Alexandre Vignon, directeur de la SEM d’Épinal.

Créée en 2009 sur le territoire d'Épinal, la SEM (Société d’Economie Mixte) travaille particulièrement deux thématiques : l'image (à travers la fameuse tradition d'Epinal mais en comprenant une extension numérique) et le bois & l'écoconstruction. Jacques-Alexandre Vignon a une mission de développement économique. Son objectif est de rendre le territoire le plus attractif possible, en aidant et en accompagnant les entreprises qui auraient un potentiel d'exploitation sur Épinal.

Que pensez-vous du potentiel de la chimie du bois pour le territoire Grand Est ?

J'entends souvent parler de la chimie du bois : il y a un réel potentiel car ce sont des molécules qui peuvent très facilement remplacer des molécules prétrosourcées, ce qui est très important à l'heure actuelle. Les consommateurs en demandent de plus en plus et les industriels voient cela d'un très bon œil. Il est vrai que cela reste très disparate : plusieurs initiatives voient le jour mais en sont encore à l'étape embryonnaire.  Cependant si l'on prend l'exemple des immeubles en grande hauteur bois, il ne s'agissait encore que de projets il y a 5 ans et aujourd'hui ce sont des réalisations bien concrètes. En ce qui concerne la chimie du bois c'est assez similaire à mon sens : ce que nous semons aujourd'hui, nous le récolterons demain.

Quelles ressources sont disponibles sur le territoire pour développer la chimie du bois : matière première, investisseurs, compétences, R&D… ?

Le premier atout du territoire réside bien sûr dans sa biomasse particulièrement riche et qui ouvre le champ des possibles. Le Grand-Est est en effet naturellement très boisé. Nous avons ensuite les compétences clés à travers les scieurs, les pôles de recherche sur le bois (campus bois à Epinal) ou les pôles de compétitivité. Les centres de recherche sont également des atouts non négligeables pour l'attractivité du territoire (l'INRA, le LERMAB…).

Aujourd'hui nous savons que certaines molécules sont utilisables notamment en cosmétique ou en pharmaceutique mais cela reste au stade de l'essai. Il faut maintenant passer d'une phase artisanale à une phase industrielle.

Quel rôle avez-vous au sein de la plateforme préindustrielle ?

Le terme « préindustriel » est important car le but est de faire monter en échelle les premiers résultats. Cette plateforme doit démontrer que l'extraction des molécules est non seulement faisable techniquement mais aussi utilisable par d'autres industries. L'objectif final est de développer la valorisation des composants de la biomasse forestière en développant des produits innovants : cosmétique, compléments alimentaires, nutrition animale, matériaux bio-composites… Nous voulons assurer la montée en échelle des projets valorisant la biomasse forestière par la démonstration de la faisabilité technique et économique dans un environnement réel.

L'étude de faisabilité a été lancée à l'automne 2019 pour 12 à 18 mois. Maintenant, il s'agit de chercher des synergies avec d'autres plateformes françaises, créer des partenariats et se faire (re)connaître.

Date de modification : 05 juin 2023 | Date de création : 30 juillet 2020 | Rédaction : Théo Brisset