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Gemme la science

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Entretien avec l’équipe de l’IEFC (Institut Européen de la Forêt Cultivée) pour parler du gemmage et du projet SustForest+

Pouvez-vous présenter l’IEFC et vos missions pour le projet SustForest ?

l'IEFC est un réseau multi-acteurs qui rassemble des organisations souhaitant améliorer et documenter la gestion durable des forêts plantées.

Le projet européen SustForest+ est un projet INTERREG qui vise à répondre à un ensemble de défis associés au développement du gemmage dans le sud de l’Europe. Le pin maritime, présent en France et dans la Péninsule ibérique, a été largement utilisé dans le passé pour la production de gemme et une activité résiduelle subsiste, notamment dans la région espagnol de Castilla-y-León. L’IEFC est impliqué dans chacune de ces régions pour la cartographie des produits et de la ressource, l’analyse du marché et de la rentabilité du gemmage, ainsi que l’étude de la méthode d’extraction. Le projet SustForest+ vise également à mieux valoriser la résine européenne en mettant en place un label d’appellation d’origine et un réseau territorial pour la promotion du gemmage.

Le gemmage a décliné mais revient progressivement. Dans quelle mesure considérez-vous que cela peut être un atout pour les territoires que de remettre au goût du jour une technique déjà connue en France ?

La technique de gemmage Hughes anciennement pratiquée en France, ainsi que la méthode Pica de corteza encore utilisée en Espagne et au Portugal, supposent une main d’œuvre à bas coût en raison d’une faible productivité horaire. Le développement de nouvelles techniques de gemmage mécanisées telles que la méthode Borehole ou la méthode Biogemme semblent constituer de bonnes alternatives, permettant en outre la production d’une résine de meilleure qualité, plus pure et avec une proportion plus élevée en térébenthine.

En plus de ses avantages socio-économiques, le gemmage représente un atout important pour les territoires dans la prévention des incendies grâce à :

  • La surveillance permise par la présence d’ouvriers en forêt ;
  • Le nettoyage des parcelles nécessaire au gemmage ;
  • La sylviculture adaptée au gemmage qui vise à réduire plus tôt la densité d’arbres/ha à l’échelle de la révolution.

La rentabilité de l’activité pour le gemmeur dépend des peuplements, de la technique utilisée mais aussi du prix de vente, très corrélé au marché international

En conséquence, les producteurs français doivent s’orienter vers des marchés de niche, déconnectés des cours mondiaux où la concurrente du Brésil est terrible. L’Espagne et le Portugal parviennent encore à se démarquer sur ce marché mondial grâce à un plus faible coût en main d’œuvre et la production d’une gemme de meilleure qualité que la gemme brésilienne. L’innovation et la promotion de la résine européenne au moyen d’un label sont donc essentiels à cette filière.

SustForest+ arrive bienôt sur la fin, à l’instar de Gemm_Est, quels en sont les enseignements, les conclusions que vous pouvez déjà dévoiler ?

Tous les résultats seront présentés lors de la conférence finale du projet SustForest+ qui aura lieu le 10 novembre à Bordeaux et à laquelle il est déjà possible de s’enregistrer. Nous vous invitons également à consulter notre dernier article au sujet des recherches récentes associées à la gemme et à la matière première concurrente que constitue le Tall oil.

Quel avenir voyez-vous pour vos projets concernant le gemmage pour les prochaines années ?

Le dévelopement de la bioéconomie devra passer par l’approvisionnement local en produits biosourcés. La production de Tall oil, sous-produit de l’industrie papetière, plafonnera et l’exploitation pétrolière devrait diminuer. De fait, l’utilisation des ressources naturelle ne peut qu’augmenter. Après la pénurie de bois que nous avions prédit pour 2020 en 2010, nous prédisions une pénurie en résine. Une revitalisation de la récole de résine est nécessaire, lorsque les prix permettront aux gemmeurs des conditions de vie acceptables.